Commentaire du point de la Tahâwiyyah traitant des prodiges des Awliyâ (Mustafâ Al Badawî & Muhammadu Yûsuf Al Kandahlawî)
Al Imâm Abû Ja'far At Tahâwî (qu'Allâh lui fasse miséricorde) a dit : « Nous croyons fermement à ce qui nous est parvenu au sujet de leurs prodiges et dont le récit a été rapporté de manière authentique par les gens dignes de confiance. » [Al Bayân Ul I'tiqâd Ahl Is Sunnah wal Jamâ'ah].
Al Hâjj Mustafâ Al Badawî (qu'Allâh le bénisse) a alors dit dans sa biographie consacrée à l'Imâm 'Abdu Llâh Al Haddâd (qu'Allâh l'agrée) :
« Les faits miraculeux sont fréquents dans la vie des Messagers d'Allâh et des Saints. Ces faits sont essentiels dans le cas des Messagers d'Allâh, ayant pour objectif de prouver leur véracité, de défier leurs adversaires et d'affermir leurs partisans. Pour les Saints, ces phénomènes sont secondaires, dus à la perfection de leur adhésion aux enseignements du Prophète qu'ils suivent, et font partie de ce qu'ils reçoivent en tant qu'héritiers spirituels et représentants de celui-ci. C'est pourquoi les savants musulmans font une distinction claire entre les miracles des Prophètes qu'ils appellent « mu'jizah », un mot signifiant « défi invincible », et ceux des Saints qu'ils appellent « karâmah », qui signifie « honneur ». La karâmah du Walî (Saint en arabe) est considérée comme une mu'jizah de son Prophète, car c'est seulement par l'intermédiaire de la bénédiction (al barâkah) de ce dernier qu'elle est possible. « La mu'jizah – dit l'Imâm 'Abdu Llâh Al Haddâd – est une preuve de la véracité du Messager, tandis que la karâmah provenant du Walî qui respecte la Sharî'ah est une preuve de son excellence dans le fait de suivre son Prophète ainsi que de la véracité de la religion. »
Les premiers à produire des faits surnaturels après le Prophète (que Le Salut et La Paix d'Allâh soient sur lui) furent ses Compagnons. Un grand nombre de ces évènements fut conservé en détail dans l'histoire des Compagnons, et ensuite des générations suivants jusqu'à nos jours. Cependant, avec la dégénérescence de l'humanité, le cœur des hommes devient de plus en plus absorbé par les choses matérielles et en conséquence de plus en plus fermé à la spiritualité. La fréquence de ces évènements diminue à cause de cela et ceux capables de les produire deviennent plus attentifs à les cacher aux regards des gens du commun. Car d'une part certains de ces phénomènes peuvent être produits par des forces autres que la puissance spirituelle du Saint, des forces qui sont en effet aux antipodes de celle-ci, car elles mettent en jeu les énergies du monde inférieur. N'oublions pas que les imposteurs abondent à l'approche de l'Heure et que les phénomènes perdent alors leur qualité de « preuve ». D'autre part, la condition des gens d'aujourd'hui les rends plus enclins à renier l'élite, à s'opposer à elle et à l'attaquer. Certains nient même la possibilité de sanctification, d'autres l'acceptent mais seulement pour les Saints qui sont morts il y a longtemps, d'autres encore l'acceptent en général mais la nient dès qu'il s'agit d'un shaykh en particulier...
Pour ces raisons, le Saint cache ses attributs spéciaux afin de ne pas éveiller l'hostilité de ces gens et de ne pas les pousser sur le chemin périlleux de la jalousie et du ressentiment envers les hommes d'Allâh. Le danger ne se situe pas dans les représailles du Saint lui-même, car ils sont par définition les plus indulgents et les plus cléments de tous les gens, mais dans la colère d'Allâh (qu'Il soit exalté) qui déclare dans Son hadîth qudsî : « Ceux qui sont les ennemis d'un de Mes Awliyâ, Je leur déclare la guerre […] » Et la pire des choses qui puissent arriver à ceux auxquels Allâh déclare la guerre, c'est qu'ils perdent leur foi et meurent en mécréants. »
Ceci étant dit, nous allons maintenant citer quelques exemples de prodiges rapportés authentiquement par l'Imâm Imâm Muhammadu Yûsuf Al Kandahlawî (qu'Allâh lui fasse miséricorde) à propos de certains Compagnons, issus de son ouvrage intitulé Hayât Us Sahâbah :
* Sayyidunâ Al 'Irbadh Ibn Sâriyah voit un Ange à la Mosquée des 'Umayyades de Damas et converse avec lui :
Sayyidunâ 'Urwa Ibn Ruwaym rapporta : « Al 'Irbadh Ibn Sâriyah (qu'Allâh l'agrée) était l'un des vieux compagnons du Messager d'Allâh (que Le Salut et La Paix d'Allâh soient sur lui) et désirait mourir. Il invoquait : « Ô Allâh ! Mon âge est avancé et mes os sont faibles, rappelle-moi donc vers Toi ! »
Il raconta un jour : « J'étais un jour à la Mosquée de Damas quand je me suis trouvé auprès d'un jeune homme extrêmement beau vêtue d'un manteau vert. Il me dit : « Quelle est donc cette invocation que tu récites ?! »
- « Comment dois-je prier ô mon neveu ? »
- « Dis : « Ô Allâh ! Rends mes œuvres bénéfiques et fais-moi arriver à mon terme. »
- « Qu'Allâh te fasse miséricorde, qui es-tu ? »
- « Je suis Ribâ°îl, celui qui enlève la tristesse des croyants. ». ». »
* Un puits voit son eau abonder par la bénédiction de Sayyidunâ Al Husayn Ibn 'Alî Ibn Abî Tâlib :
Sayyidunâ Abû 'Awn rapporta : « Quand Al Husayn Ibn 'Alî (qu'Allâh l'agrée) sortit de Madînah pour aller à Makkah, il passa près de Ibn Mutî qui creusait son puits. Il lui dit : « J'ai rénové mon puits et jusqu'à ce jour nous n'avons rien pu sortir du puits. Prie Allâh de nous y mettre de la bénédiction. » Il dit alors : « Donne-moi de son eau. » On lui amena un peau de son eau dans le seau [servant à l'extraire], il en but, puis il se rinça la bouche et recracha dans le puits. L'eau devint alors douce et abondante. »
* Sayyidunâ Sâriyah entend l'appel de Sayyidunâ 'Umar alors que plusieurs kilomètres les séparent :
Sayyidunâ 'Abdu Llâh Ibn 'Umar rapporta : « 'Umar envoya une armée et leur désigna comme chef un homme nommé Sâriyah (qu'Allâh l'agrée). Tandis que 'Umar faisait un discours, il s'écria : « Sâriyah ! La montagne ! » Ceci par trois fois. Plus tard, le messager de l'armée arriva et 'Umar le questionna. Il répondit : « Ô Amîr Ul Mu°minîn ! Nous étions vaincus puis nous entendîmes une voix crier par trois fois : « Sâriyah ! La montagne ! » ; nous mîmes alors nos dos contre la montagne et Allâh (qu'Il soit exalté) les défia. » On dit alors à 'Umar : « C'est toi qui a crié cela. ». »
Et il est également rapporté que Sayyidunâ 'Umar (qu'Allâh l'agrée) prononçait le sermon du vendredi et s'exclama en plein discours : « Sâriyah ! La montagne ! Quiconque confue les moutons au loup s'est fait du tort à lui-même ! » Les gens [qui assistaient au sermon] se retournèrent les uns vers les autres et 'Alî (qu'Allâh l'agrée) leur dit : « Ce qu'il vient de dire s'expliquera à coup sûr. » Quand il finit [son sermon], ils l'interrogèrent sur cela et il répondit : « Il m'est parvenu que les idolâtres avaient vaincu nos frères et qu'ils passaient par une montagne. S'ils s'y réfugiaient, ils pourraient combattre sur un seul front, et s'ils la dépassaient ils se verraient alors exterminés. Les paroles que vous venez d'entendre sont alors sorties de moi. » L'annonciateur de la bonne nouvelle arriva un mois plus tard et leur raconta qu'ils avaient entendu la voix de 'Umar ce jour-là. Il témoigna : « Nous nous réfugiâmes alors vers la montagne et nous remportâmes la victoire. »
Et les récits abondent sur ce sujet, que ce soit à propos des Compagnons ou des autres Saints venus après eux (qu'Allâh les agrée), de toute époque et de tout lieu.
Telle est donc la croyance des Ahl Us Sunnah au sujet des prodiges des Saints (qu'Allâh les agrée tous). Et qu'Allâh nous accorde une croyance ferme dans la capacité d'Allâh à privilégier Ses bien-aimés et à leur permettre d'accomplir des actes extraordinaires. Allâhumma Âmîn.
Al Muwahhidûn.